• enseigner dehorset apprendre avec la nature
  • Se former avec SILVIVAdes cours attractifs au contact de la nature
  • faire vivre la nature aux autresnos outils vous donnent un coup de main
  • La pleine consciencec’est facile dans la nature

EEN en milieu urbain avec des seniors

Nous vous présentons ici un exemple de projet conçu et réalisé par une participante au cours EEN par la nature en milieu urbain (CAS SILVIVA) en 2021.

 

Le prochain cours en milieu urbain aura lieu du 25 au 27 août 2023 à Lausanne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Balade diagnostic» à la colline du Temple à Château d'Oex

Une balade diagnostic au jardin de la Motte, un exemple d’EEN par et pour les seniors

Maude Rampazzo, chargée de projet communautaire chez Pro Senectute Vaud

L’éducation à l’environnement par la nature (EEN) évoque souvent en premier lieu l’école à l’extérieur. Il s’agit, à raison, de sensibiliser les futures générations à la conservation de notre patrimoine naturel. Mais qu’en est-il des autres publics? Comment les seniors appréhendent-il la nature? Le projet pilote «Seniors et paysages» donne un exemple d’approche communautaire intégrant la thématique de la nature.

Tout a commencé en 2019, lorsque le projet proposé par la Commune de Château d’Oex, en collaboration avec Pro Senectute Vaud, a été sélectionné parmi les «Projets-modèles pour un développement territorial durable 2020-2024», dans la section «Le paysage, un atout». Il est soutenu par la Confédération et par la Fondation Leenaards.

 

Sur le plan méthodologique, l’objectif du projet est de valoriser les paysages de Château-d’Oex avec les seniors. L’approche communautaire permet de «renforcer la capacité d’agir des populations et de faire des communautés locales des actrices à part entière capables de prendre soin de leurs propres besoins1». Deux caractéristiques supplémentaires définissent le projet. Premièrement, les aîné·es constituent la population cible. Elle est riche en compétences et connaît particulièrement bien sa région. Deuxièmement, la notion de paysages, entendue au sens large, est la thématique centrale.

 

Afin de créer un socle commun, les seniors ont défini ce que représentaient pour eux les paysages et la manière de les valoriser. Ils et elles ont fait part de leurs besoins en nommant un manque d’infrastructures sur les sentiers pédestres, le souhait d’amener davantage de vie dans le village, de réaliser des sentiers thématiques et enfin d’améliorer la mobilité. Sur cette base, la création de groupes de travail (GT) a favorisé l’investissement des seniors selon leurs affinités. Voici les deux principaux:

 

  • le GT «Vie du village» organise des évènements conviviaux. Les participantes ont créé, par exemple, une bourse d’échanges de plantes automnales. En 2022, elles ont prévu de s’intéresser aux questions de mobilité.
  • le GT «Diagnostic des sentiers» réalise des balades diagnostic lors desquelles ses membres cheminent, observent et testent physiquement les infrastructures d’un parcours. Puis un rapport est rédigé et transmis à la Commune pour faire part de leurs besoins. Suite aux premiers diagnostics effectués par les seniors, des aménagements sont prévus par la Commune pour 2022. L’exemple qui suit illustre la «balade diagnostic» de la colline du Temple, réalisée le 22 juin 2021.

La colline se dresse au centre de Château-d’Oex, surplombée par un temple datant du 15e siècle. Une petite route serpente d’un côté de la colline, ce qui permet à des bénévoles de véhiculer les personnes à mobilité réduite lors d'évènements religieux ou musicaux. De l’autre côté de la colline se trouve un jardin, avec des statues d’animaux alpins, offert par la Fondation Sandoz, qui ponctuent la colline. Il est géré par l’Association du jardin de la Motte, composé de deux membres actifs, le Président, M. Berdoz, paysagiste, et une bénévole senior qui l’entretient avec passion. Les seniors et d’autres acteurs et actrices souhaitent revitaliser ce lieu.

 

Grâce à des enseignant·es, les abords de la colline prennent vie en accueillant des élèves pour faire l'école à l'extérieur. Une collaboration entre ces classes et les seniors serait envisageable et appréciée.

Analyse sur le terrain

Après plusieurs rencontres du groupe de travail «balades diagnostic» pour organiser cet événement, le jour J est arrivé. Une vingtaine de personnes était présente. Elles ont observé attentivement tous les recoins de la colline, ont discuté et noté leurs remarques sur leur kit, comprenant un sous-main, la carte du jardin, des Post-it et un stylo. Les seniors ont soulevé des pierres cassées et tombées des murs, touché la rugosité des bancs, mesuré leur hauteur et les ont essayés en s’asseyant. Tout est passé au crible de leurs regards attentifs. Certaines personnes n'étaient pas revenues dans ce jardin depuis belle lurette et ont apprécié cette occasion d’être dehors parmi ces beaux paysages. De manière générale, les participant·es trouvent qu’il serait bien de sécuriser les sentiers, de refaire les murs en pierres sèches après avoir formé des personnes ressources au Pays-d’Enhaut, ainsi que de rénover les bancs.

Leçons tirées

Sur le plan de l’EEN, les seniors ont profité de solliciter les compétences des professionnel·les du Parc Naturel Régional (PNR) Gruyères Pays-d’Enhaut qui étaient également présent·es. Les aîné·es ont écouté leurs explications et en ont discuté ensemble. En voici quelques extraits:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une biologiste du Parc naturel donne des nichoirs à l’association du jardin de la Motte.

A propos de l’éclairage nocturne, certains lampadaires seraient moins nuisibles pour les animaux si la luminosité était dirigée uniquement vers le bas. Le mieux serait d’avoir un système d’allumage automatique, qui toutefois est plus coûteux. L’éclairage du Temple a également été discuté. Il est normalement éteint la nuit, ce qui est bénéfique pour les chauves-souris.

 

Les seniors ont présenté leurs idées évoquées lors des rencontres préparatoires de la balade diagnostic, par exemple celle de créer un jardin botanique alpin. L’objectif d’amener la flore alpine au centre du village serait particulièrement bienvenu pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus monter sur les chemins escarpés pour admirer la flore, ce qui est le cas pour certain.es seniors.

 

Les classes d’école à l’extérieur pourraient également profiter des informations botaniques, comme nous l’a dit l'enseignante également présente. Les participant·es ont souligné l’importance de favoriser les plantes alpines de la région, ainsi que l’aménagement d’une prairie sèche dans le haut du jardin. Ils et elles ont insisté sur l’utilisation de petits panneaux durables et esthétiques indiquant les noms des plantes. Les seniors ont remarqué que les belles statues d’animaux alpins sur la colline s’intégreraient parfaitement à leur projet botanique.

 

 

 

 

La statue du Hibou Grand-duc veille sur le jardin.

De plus, un nouvel étang sera aussi installé grâce au PNR et à l’association, ce qui favorisera la biodiversité. Dans ce même but, le PNR a fait don de nichoirs, notamment pour les rouges-queue, qui seront installés par l’association du Jardin de la Motte. Dans le but de valoriser davantage les paysages, les seniors aimeraient également installer une table d’orientation permettant de reconnaître les montagnes et leur nom. Elle serait idéale sur cette colline, qui offre une vue à 360 degrés. Enfin, pour attirer la population, des expositions pourraient être organisées sur la colline, avec pourquoi pas, une table de pique-nique et un abri.

« Ces balades diagnostic sont également l'occasion pour nous de 'batoiller' ensemble! »

Ces idées et observations ont été répertoriées et un rapport transmis à la Commune. Le Municipal, Eric Fatio, soutient le projet, et son engagement est très apprécié. Ainsi les seniors se sentent écoutés et la consultation citoyenne crée une passerelle entre les besoins de la population et les décisions politiques. D’ailleurs, une table ronde aura lieu en 2022 pour discuter de ce lieu mythique, entre utilisateurs et utilisatrices régulières.

De plus, ces rencontres permettent d’être dehors, d’expérimenter par les sens, de créer du mouvement et de renforcer le lien social entre participant·es. Les seniors partagent leurs connaissances et apprennent de nouveaux éléments sur la nature, notamment grâce à l’intervention du PNR. Enfin, ces balades ont aussi pour conséquence d’améliorer la santé physique, sociale, et mentale.

 

Au niveau personnel, depuis cette journée, j’ai suivi deux modules dans le cadre du CAS EEN, celui sur l’eau et celui sur le milieu urbain. Le texte ci-dessus est l’adaptation du travail sur ce dernier module. Ces formations m’ont sensibilisée à l’organisation des prochaines activités avec les seniors. J’aimerais leur proposer de créer ensemble des activités ludiques, liées à la sensibilisation à la nature.

 

Maude Rampazzo, février 2022

 1. Guillaume-Boeckle, Sylvie, «Le communautaire dans les démarches 'quartiers solidaires'», Journal «Quartiers solidaires», février 2021, Article_fevrier.pdf (quartiers-solidaires.ch).

Pour davantage d’informations, voici la page du projet :
www.quartiers-solidaires.ch/cdo

 

Photos prises lors de la Balade diagnostic de la colline du Temple du 22 juin 2021
Copyright: Pro Senectute Vaud

Écrire commentaire

Commentaires: 0